Acteurs du commerce, ensemble, relevons
le défi de l'innovation

08
nov
2022
Nicolas DIACONO
Technology Trends Manager
8 minutes

Une nouvelle édition du Web Summit s’est terminée la semaine dernière. Avec plus de 71 000 personnes et plus de 2 200 startups, cette édition a connu un franc succès. Cette année, la star thématique du « Davos des Geeks » était le Web3. Comme l’a si bien dit Sébastien Borget, COO de The Sandbox, « cette année le Web Summit devrait être renommé le Web3 Summit ». Mais bien évidemment, les thèmes comme l’intelligence artificielle, la mobilité, la santé, le développement durable, le commerce ou encore la mode étaient abordés avec plus de 1 000 conférenciers venus partager leur expertise.

Au-delà du buzz la réalité du Web3

Oui, le Web3 continue toujours de faire le buzz même si l’écosystème global est quelque peu chahuté ces derniers temps. Le monde de l’entreprenariat construit ce futur d’Internet autour de la technologie blockchain. Le but ? Apporter de la transparence, de la confiance et potentiellement redonner la main aux utilisateurs sur la monétisation de leurs données. La startup Pool Data, avec son concept de « share to earn », propose une nouvelle manière de monétiser les données avec des « datas unions ». Les utilisateurs partagent leurs données à travers des « datas unions » et ils sont récompensés pour ce partage. Sweatcoin est d’ailleurs une data union qui connait un franc succès, avec plus de 100 millions d’utilisateurs. Ils y partagent leurs données d’activité physique en échange d’une rémunération avec le token de l’application.

Les startups du Web Summit ont fait des NFTs l’outil de demain pour les entreprises. La startup polonaise Doxychain propose une tokénisation des documents d’entreprise afin d’assurer leur sécurisation et authentification. Cette tokénisation est également très utile pour apporter de la transparence dans les dons aux association. Ce sont avec des acteurs comme la startup Mirdad que demain peut-être, il y aura une parfaite transparence sur les élections de nos dirigeants. C’est d’ailleurs ce que souhaite faire la société portugaise Irva. Pour Julian Holguin, CEO de Doodles, dans un futur proche, tout le monde utilisera des NFTS sans le savoir. En effet, selon lui car la blockchain deviendra massivement populaire, tout comme Internet peut l’être aujourd’hui.

Le marché du divertissement est sans doute l’’un des secteurs qui profitera massivement de cette technologie des NFTS, avec la billetterie notamment. C’est ce que proposait la société BAM Ticketing à Lisbonne. En juillet dernier, les tickets du concert d’Ed Sheeran au Stade de France avaient tous un jumeau numérique enregistré dans la blockchain sous forme de token. Ce NFT a permis d’assurer l’authenticité des billets, tout en permettant aux fans de garder un souvenir à vie. C’est donc très logiquement que ce type d’usage devrait se déployer dans les parcs d’attraction, les musées, les stades et plus globalement dans le tourisme.

Alors que tout le monde parle des NFTs sur Instagram ou Twitter, la startup américaine Taki a déjà lancé un réseau social sur la blockchain. Elle rémunère en cryptomonnaies ses utilisateurs et les créateurs de contenus. Taki compte déjà 850 000 utilisateurs, après quelques mois d’existence seulement.

Le Web3 promet également d’être très utile pour la cause environnementale. La société Planetwatch en est un bon exemple : elle récompense ses utilisateurs qui monitorent la qualité de l’air et en partageant les données sur leur plateforme. Ces dernières sont enregistrées dans la blockchain, ce qui garantit une transparence totale. Ils offrent ainsi une solution à moindre coût pour que les villes mesurent la qualité de l’air et les pics de pollution. Les utilisateurs ont tous un NFT pour les identifier et leur permettre d’accéder à des récompenses sur le site de Planetwatch.

Dans la finance, Valhalla Network a pour objectif de créer le premier réseau de banque communautaire et décentralisée. Ce réseau sera détenu et piloté par la communauté, grâce à une organisation à la fois autonome et décentralisée. Une autre manière de repenser le mutualisme à l’heure du Web3.

Dans la mobilité également, le Web3 s’invite avec Carchain qui propose de tokéniser le carnet de vie des voitures. Le but étant d’apporter de la transparence dans l’entretien et la maintenance de ces dernières.

À travers cette multitude de projets et startups, il est clair la blockchain est en train de préempter la vie des industries et, par la même occasion, celle des consommateurs.

Le métavers en quête d’identité

Le métavers a évidemment a été abordé à de nombreuses reprises. Que ce soit pour l’industrie avec Siemens, ou bien pour le divertissement, avec Improbable, Yuga Labs ou encore The Sandbox.

Yuga Labs est venu expliquer qu’il voulait devenir le Disney du métavers. A contrario, Improbable souhaite créer un métavers open source et n’appartenant à aucune entreprise. Lorsque l’on parle de métavers, nous évoquons bien souvent les avatars qui, au fur et à mesure, deviennent de véritables extensions des utilisateurs.

Selon une étude de R/GA, menée aux USA, 68 % des personnes interrogées estiment que leur avatar permet d’exprimer une partie cachée de leur personnalité. Et 56 % avouent avoir un véritable attachement pour leur avatar. D’ailleurs demain peut-être pourrons-nous trouver l’amour grâce à nos avatars tokenisés, tel que s’apprête à le proposer la startup NYX Soulmate ; une autre façon de repenser les applications de rencontres.

La mobilité en phase de transition

La mobilité est un sujet toujours très présent au Web Summit. Cette année, rien de bien nouveau pour les voitures autonomes mais quelques solutions bluffantes pour l’alimentation des voitures électriques.

Storedot a développé une nouvelle génération de batteries électriques capable de charger 160 km d’autonomie en 5 minutes chrono. Storedot a pour objectif de créer une batterie rechargeable à 100 % en 5 minutes d’ici 2032. De son côté, le constructeur allemand Sonos Motors est venu présenter les dernières avancées de son véhicule. Celui-ci est recouvert de 465 mini capteurs photovoltaïque capables de donner 50 km d’autonomie à ce véhicule électrique nouvelle génération, idéal pour se déplacer en milieu urbain. Le constructeur a confirmé que 42 000 précommandes ont été effectuées ces derniers mois. Au regard du contexte énergétique actuel, c’est une véritable aubaine et les précommandes ne cesseront très certainement d’augmenter.

Un Web Summit sans taxi volant ne serait pas un salon réussi. C’est bien pour cela qu’Eve Mobility est venu présenter sa vision du transport aérien urbain avec ses eVotls. Une vision devenue réalité dès lors que la compagnie United Airlines a commandé 30 taxis volants afin d’effectuer les connexions entre les différents aéroports des grandes villes américaines. NEOM, le projet titanesque de la ville du futur en Arabie Saoudite, a également passé commande pour permettre aux habitants de se déplacer plus facilement dans cette ville de 170 km de long.

L’automatisation de la créativité

Nous avions de nombreuses attentes autour des solutions d’intelligences artificielles génératives qui, ces dernières semaines, font beaucoup parler d’elles. Très peu de startups étaient présentes pour évoquer ce sujet en dehors d’Hechicer, qui permet de transformer une requête texte (ou prompt) en vidéo 3D. C’est tout simplement bluffant. Demain il est fort possible que nous puissions créer un monde virtuel par requête textuelle. Avec cette technologie, la tendance du No Code va entrer dans une nouvelle ère. Une ère dans laquelle développer une application mobile ou un site internet se fera peut-être par la voix ou par prompt.

En ce qui concerne la mode, Yona propose d’utiliser l’IA pour créer les futures collections de vêtements. Les IA génératives vont s’immiscer dans de nombreux métiers et sont l’avenir de la création de contenu, selon Nathalie Monbiot, responsable de la stratégie de la société HourOne, qui affirme que « 90 % des contenus seront générés par des IA dans 5 à 7 ans ».

L’édition 2022 a projeté les participants dans ce que pourrait être le monde numérique de demain à travers le Web3 et l’intelligence artificielle. Beaucoup de choses restent à construire et nous ne sommes qu’au début de cette nouvelle ère.

Nicolas DIACONO
Technology Trends Manager
Expert des technologiques émergentes, Nicolas parcourt les salons innovations de par le monde pour sentir les nouvelles tendances.
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