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L’agriculture cellulaire au secours de la planète !

01
juin
2022
Nicolas DIACONO
Technology Trends Manager
4 minutes

D’ici 2030, 40 % de protéines supplémentaires devront être produites pour répondre aux besoins planétaires. L’agriculture traditionnelle ne pourra pas le permettre mais la science avance dans bien des domaines pour répondre à cette demande. L’agriculture cellulaire permet de développer des produits d’origine animale avec un impact environnemental réduit. Cette nouvelle agriculture est très prometteuse.

Il s’agit d’une science mêlant ingénierie tissulaire, biologie de synthèse et science des matériaux. Pour se faire, des cellules animales sont prélevées et mises en culture avec des nutriments. Les cellules se multiplient et se différencient pour créer, par exemple, du muscle. Cette viande est ensuite vendue sous forme de saucisses ou de viandes hachées. C’est ce que propose par exemple des sociétés comme Meatable aux Pays-Bas ou Aleph Farm en Israël. En Californie, la start-up Finless Foods développe de la chaire de thon de synthèse pour fournir les restaurants de sushis. Une telle production s’affranchit de la destruction de la faune des océans et limite considérablement les émissions de CO2 liées aux bateaux de pêche ou aux camions réfrigérés.

D’autres start-ups travaillent même sur la culture de protéines d’insectes car plus simple et donc économiquement plus viable. Il se pourrait donc que d’ici une quinzaine d’années les consommateurs fassent cuire au barbecue des « côtes de cricket » à la fleur de sel.

La production de protéines animales par culture cellulaire devrait changer le monde agricole. Selon l’Université d’Oxford, cette nouvelle agriculture va nécessiter 90 % moins de terres agricoles, consommera entre 7 % et 45 % moins d’énergie et produira 78 % moins de gaz à effet de serre. L’impact semble donc sans appel ! Il est d’ailleurs important de noter que Singapour, malgré sa surface limitée, est le pays leader en matière de culture cellulaire.

Les quantités produites restent toutefois limitées, de par la technologie des bioréacteurs utilisés, initialement pensés pour la production de médicament et non d’aliments. Lors de SXSW 2022 il a d’ailleurs été clairement évoqué que la réussite de l’agriculture cellulaire va passer par la création d’une nouvelle génération de bioréacteurs pour la culture cellulaire de protéines animales.

C’est pourquoi l’annonce de la société Eat Just Inc de créer un bioréacteur nouvelle génération pouvant produire 15 000 tonnes de protéines animales par an peut faire entrer l’agriculture cellulaire dans une nouvelle dimension.

Pour son CEO Josh Tetrick, nos petits-enfants ne comprendront pas pourquoi
nous devions tuer des animaux pour manger de la viande.

La montée en puissance d’une telle technologie va demander aux acteurs de la distribution alimentaire d’investir le domaine des sciences du vivant à l’instar des géants comme Amazon ou encore Google.

Mais cette culture cellulaire ne s’arrête pas aux protéines. Le MIT a annoncé récemment travailler autour de la culture cellulaire de végétaux dont le but ultime serait de créer du bois pour l’industrie du bâtiment et de la construction. Un autre moyen de lutter contre la déforestation en complément de l’agriculture cellulaire.

À travers ces exemples, il apparaît que l’innovation technologique est très certainement le meilleur moyen de guérir notre planète des maux infligés par l’activité humaine. Les investissements sur les technologies Deep Tech vont ouvrir de nouvelles voies de croissance pour les acteurs du secteur privé comme du secteur public. Investir dans l’innovation c’est anticiper les changements drastiques que le monde va devoir adresser sur ses modes de vie et sa consommation.

Nicolas DIACONO
Technology Trends Manager
Expert des technologiques émergentes, Nicolas parcourt les salons innovations de par le monde pour sentir les nouvelles tendances.
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