Comment le commerce peut-il s’adapter aux enjeux climatiques de demain ?
Le dernier rapport du GIEC publié en août dernier est alarmant au plus haut point. Il n’y a plus de doutes, les crises environnementales à venir seront de plus en plus dévastatrices. Le monde de la consommation va alors devoir procéder à des changements bien plus profonds que ceux engendrés par la pandémie de la COVID-19 ! C’est toute la chaîne de valeur du monde du commerce qui doit, dès maintenant, définir les modèles d’un commerce répondant aux enjeux environnementaux, sociétaux et éthiques de demain.
Repenser le design des produits
C’est ce que propose Meet Lia, qui vend des tests de grossesse aux États-Unis. Le produit a été entièrement repensé pour élimer tout plastique de sa conception. Au final, le dispositif est fabriqué à base de papier, peut être jeté dans les toilettes et est biodégradable à 100 % en moins de 10 semaines.
Si cela semble anecdotique, il faut savoir que les tests de grossesse génèrent chaque année mille tonnes de plastique non recyclable rien que sur le territoire américain.
Repenser le design de ses produits c’est aussi prévoir et imaginer leur seconde et même troisième vie potentielle.
Etendre la vie des produits
Les produits peuvent également avoir une deuxième, voire une troisième vie après leur fonction première. C’est ce que l’enseigne de bricolage française Castorama a mis en place depuis quelques années avec l’isolant éco-conçu Métisse. Elle récupère les vieux vêtements, comme les jeans, pour les transformer en isolant thermique ou phonique. En 2019, 228 tonnes de vêtements ont été collectées dans les magasins pour être ensuite transformées en isolant éco-conçu.
L’objectif pour 2021 est de collecter 240 tonnes grâce à son partenariat avec Le Relais, un spécialiste français de la collecte de vêtements.
Repenser sa logistique
Que ce soit Pic-Nic avec sa logique de livraison en véhicule électrique ou bien l’utilisation d’emballages à usage multiples et recyclables pour les achats effectués en ligne (que propose Hipli, The Box ou encore Re-Pack), le monde du e-commerce est d’ailleurs en train de repenser sa logistique. Dernièrement, 15 acteurs du e-commerce français, dont Cdiscount, Veepee, Fnac-Darty, La Redoute, Maisons du Monde, … se sont mis d’accord pour réduire de 75% leurs emballages de livraison, pour privilégier une livraison décarbonée, et sensibiliser les consommateurs sur l’origine des produits.
Devenir un acteur sociétal
De son côté, Ikea a de son côté poussé le concept encore plus loin en travaillant sur la ville écoresponsable de demain, en partenariat avec la municipalité suédoise d’Helsingborg. L’enseigne va y travailler avec les autorités locales et les habitants pour repenser l’approvisionnement alimentaire autour de fermes urbaines, et imaginer construction de maisons écologiques.
Sensibiliser les consommateurs
C’est le parti pris d’une enseigne comme Decathlon avec son nouveau programme de fidélité, Decat’Club, axé autour de la pratique sportive et des actions positives pour l’environnement. Les membres du Decat’Club peuvent cumuler des points de fidélité supplémentaires en réalisant des activités éco-responsables proposées par les magasins, en achetant des produits éco-conçu ou bien en pratiquant une activité physique.
De son côté Carrefour s’est lancé sur Fortnite avec la Healthy Map pour sensibiliser les plus jeunes au fait de bien s’alimenter et de consommer des produits alimentaires plus éco-responsables.
Chez Fnac-Darty, les clients sont poussés vers des produits réparables et durables grâce à un scoring provenant des données du SAV de l’enseigne. Selon l’enseigne, des produits ne respectant pas des critères de durabilité pourraient même être retirés de la vente.
Vers un nouveau modèle économique
Le modèle de la location dans le commerce existe depuis de nombreuses années et plus particulièrement pour le bricolage ou les produits électroménagers. Chez Fnac-Darty, l’abonnement fait déjà parti du modèle économique avec Darty Max.Ainsi Darty Max propose un abonnement à la réparation des appareils électroménager pour 9,90€ par mois. Le programme se fixe pour objectif d’atteindre 2 millions d’abonnés d’ici 2025.
L’industrie de la mode s’y met également, de Ralph Lauren à Kiabi. L’enseigne française propose maintenant la location des vêtements de maternité avec des offres allant de 9€ à 29€ par mois. Ces modèles économiques autour de la location ou de l’abonnement vont très certainement permettre l’émergence de nouveaux acteurs.
Alors que l’offre d’abonnement de Decathlon en Belgique a beaucoup fait parler, une start-up a décidé de se lancer sur la location de matériel sportif entre particuliers. Il s’agit de Trippez qui propose à des particuliers de louer leur tente, leurs skis ou encore leur planche de Surf. Il faut savoir qu’une toile de tente est utilisée en moyenne seulement 7 jours par an et donc le reste du temps elle dort sagement dans le garage.
Puisque 90% des GenZ attendent que les entreprises s’investissent pour lutter contre le réchauffement climatique et pour lutter contre les injustices sociales, on peut dire que les consommateurs de demain semblent prêts pour ces nouveaux modèles. Pour autant, il faudra énormément de flexibilité aux acteurs traditionnels du commerce pour répondre aux attentes de ces consommateurs en quête d’éco-responsabilité dans leurs actes d’achat. Ce nouveau commerce éco-responsable favorise en effet l’arrivée de nouveaux entrants. Là où les enseignes historiques doivent se repenser de A à Z, de nouveaux acteurs et notamment les Direct To Consumer ou les places de marchés C2C peuvent construire leur chaîne de valeur avec l’économie circulaire comme ADN.
