Au Brésil, l’ONG Banco de Alimentos renouvelle l’expérience du don.
Reverse Delivery : le nouveau réseau de solidarité
Le fait
Depuis 2016, Banco de Alimentos, la Banque Alimentaire brésilienne, a mis en place dans la ville de São Paulo, une méthode originale de collecte de dons : « Reverse Delivery ».
L’initiative repose sur un constat simple. Chaque jour, des milliers de personnes se font livrer chez eux un plat préparé dans un restaurant. Une fois sa course effectuée, le motoboy roule à vide pour revenir à son point de départ. Pourquoi ne pas utiliser l’espace disponible dans le sac de livraison pour récupérer des dons en nature ?
Ainsi, lorsque le client appelle pour se faire livrer un repas, le restaurant partenaire de l’ONG lui demande si il a de la nourriture dans son garde-manger qu’il souhaite donner.
Le livreur récupère alors le produit et le ramène dans son restaurant. La denrée alimentaire sera conditionnée, récupérée puis distribuée par Banco de Alimentos afin de venir en aide aux quelques quatorze millions de Brésiliens en difficulté.
Comme l’affirme Luciana Quintão, présidente et fondatrice de Banco de Alimentos, l’objectif de Reverse Delivery est de fédérer un réseau de solidarité et d’entraide envers les plus démunis en donnant du sens à la consommation.
Le succès est d’autant plus au rendez-vous que le service répond aux contraintes des clients : être simple et rapide pour ne pas leur faire perdre de temps.
Le décryptage
Deliveroo, Just Eat, Foodora, Grubhub, Foodpanda ou encore UberEATS … Depuis dix ans, les services de livraison à domicile de plats de restaurants se multiplient partout dans le monde.
Pourtant, ce type de service n’est pas nouveau. Depuis la fin du dix neuvième siècle, les « dabbawalas » de Mumbai collectent, en porte-à-porte, des lunch box préparées par les femmes restées au foyer.

Les repas sont ensuite acheminés jusqu’au lieux de travail respectifs des maris. Une fois le repas terminé, la lunch box fait le chemin en sens inverse. Quotidiennement ce sont quelques deux cent mille boites qui suivent ce trajet.
Le système est tellement bien huilé que les retards se comptent en secondes. Les erreurs de livraison sont-elles quasi nulles : une sur seize millions de transactions. Une prouesse réalisée par des hommes illettrés et sans l’aide d’aucune technologie moderne !

Nul doute qu’à l’heure de l’Ubérisation et de la Disruption, les « dabbawalas » ne sont pas menacés … Entre tradition et excellence opérationnelle, le lien solide et durable tissé avec les clients fait du service une véritable institution.
C’est bien cette qualité d’une relation unique que tout acteur économique recherche pour engager à long terme ses consommateurs. Ceci est d’autant plus vrai pour les startups et autres plateformes émergentes sont très souvent décriées !
De fait, l’initiative de Banco de Alimentos constitue une piste de réflexion intéressante pour séduire les consommateurs et les attacher à la marque. Est ce un hasard si, en Afrique du Sud, après les inondations qui ont touchées Johannesburg, Uber vient maintenant en aide aux habitants de Cape Town, Knysna et Plettenberg Bay en lançant un appel à la générosité. Depuis l’application, les usagers peuvent commander un véhicule qui, gratuitement, vient récupérer à leur domicile les dons avant de les distribuer. Au travers du slogan « Let’s get together to help those in need! », Uber semble vouloir se racheter une conduite grâce à l’opération #uberCOMMUNITY.
Cela sera-t-il suffisant pour créer une image de marque positive et long terme ? Bien évidemment, la question ne se pose pas pour les sinistrés !
Ainsi, dans un monde toujours plus connecté, fédérer les énergies et les solidarités pour venir en aide aux personnes en difficulté est plus que jamais nécessaire ; que les organisations en profitent au passage n’est finalement pas si grave …
