La mobilité en forte mutation ?
La mobilité est aujourd’hui en pleine mutation coté offre… Mais qu’en est-il coté usages ? Grâce aux données de l’Access Panel basées sur 14 000 individus représentant les Belges, les Espagnols, les Français et les Portugais, remettons le consommateur au centre et mettons en lumière ses pratiques de mobilité !
La voiture reste un incontournable de la mobilité en Europe…
Aujourd’hui, les Européens se montrent globalement très attachés à leur voiture, comme en témoigne le taux d’équipement très élevé – proche des 90 %, dans les 4 pays couverts par l’Access Panel. Les taux de multi détentions illustrent également cette place prépondérante que conserve la voiture, même si l’on observe des variations d’un pays à l’autre : entre 28 % et 50 % des individus possèdent au moins 2 voitures dans leur foyer.

Cet attachement à l’automobile va être d’autant plus fort qu’on habite dans une zone peu peuplée. Ainsi, en France, 97 % des ruraux possèdent une voiture quand les habitants de l’agglomération parisienne ne sont que 66 % à en détenir une (un taux d’équipement le plus faible des 4 capitales et en fort recul en 2 ans).

... Mais des alternatives à la voiture commencent doucement à se développer en parallèle
La « mobilité douce » (vélos & trottinettes électriques) progresse dans les 4 pays de l’Access Panel entre 2020 et 2022, la Belgique se distinguant nettement avec 29 % de sa population équipée de vélo électrique. Toutefois dans les autres pays, ces substituts à l’automobile commencent tout juste à émerger.
D’autre part, des services de mobilité commencent également à séduire, en particulier les urbains. Ainsi, le recours au co-voiturage (avec des inconnus, via des applications telles que Blablacar en France), aux services VTC de type Uber ou à l’utilisation du partage de vélos / voitures mis en place par les municipalités, sont davantage fréquents pour les résidents des capitales ou villes de plus de 100 000 habitants, même si à l’échelle d’un pays, ces services sont encore peu utilisés. À suivre avec le développement des offres.

Les urbains ont aussi davantage recours à la livraison à domicile pour leurs courses alimentaires ce qui leur évite de se déplacer (en voiture). C’est le cas dans les 4 pays étudiés de l’Access Panel où un quart à un tiers des individus habitant en zone dense se sont fait livrer leurs courses au moins une fois au cours des 12 derniers mois. Soulignons une particularité française : le drive, utilisé par 27 % des Français, y est globalement plus développé que dans les autres pays et sur l’ensemble du territoire avec des ruraux qui y ont particulièrement recours.

Mettre en location sa voiture, quand on ne l’utilise pas ?
Si la mobilité actuelle des individus repose encore en grande partie sur la voiture, celle-ci représente un coût important dans le budget des ménages, considération faite de l’achat du véhicule, l’entretien et l’achat de carburant (dont les prix ont grimpé ces derniers mois). Dans le contexte actuel de tensions budgétaires accrues, pour amortir son budget voiture, l’une des solutions pourrait être de mettre son véhicule en location quelques jours par mois pour faire des économies. Un service encore peu répandu mais qui pourrait intéresser environ un tiers des Européens interrogés, et plus particulièrement les urbains faisant un usage plus occasionnel de leur voiture. Reste à leur proposer un service leur garantissant facilité d’usage et fiabilité.

Quid des projets d’achats de voiture ?
Les Européens continuent d’envisager d’acheter une voiture dans les 2 ans ; le crédit ou le leasing représentant un bon moyen de le les aider à les financer. Mais qu’adviendra-t-il de ces projets, compte tenu de la crise inflationniste actuelle ?


Bien évidemment, ce sont les plus contraints qui pourraient être amenés à reporter leurs achats, obligés d’arbitrer.
Illustrons avec le cas de la France : si les Français qui envisagent d’acheter une voiture neuve vs une voiture d’occasion sont dans des proportions similaires (16 % / 15 %), ils n’ont bien entendu pas le même profil : sans surprise, envisager d’acheter une voiture neuve est l’apanage de personnes disposant de revenus largement plus élevés et nettement moins contraints financièrement. Ils disposent de marges de manœuvre qui leur permettra plus facilement de mener à bien leur projet. À l’inverse, il sera sûrement difficile de maintenir leur projet pour une partie des “acheteurs d’occasion”.
Le renouvellement de son véhicule va devenir de plus en plus inévitable, pour se conformer notamment à des normes environnementales toujours plus exigeantes. Aujourd’hui, malgré une progression en 2 ans, la part des détenteurs de voitures hybrides / 100 % électrique reste faible, ne concernant ainsi qu’environ 1 Européen sur 10. Le coût notable de ce type de véhicules représente évidemment un obstacle majeur au renouvellement du parc.

Un parcours d’achat en train d’évoluer vers davantage de digital
Illustrant l’accélération de la digitalisation des Européens depuis la crise sanitaire et ses confinements successifs, de plus en plus de consommateurs se projettent dans l’achat en ligne de leur voiture, sans la possibilité de la voir ni de la tester auparavant. L’Espagne et la France s’avèrent être les 2 pays les plus avancés. Évidemment, dans tous les pays, acheter une voiture neuve sans la voir reste beaucoup plus envisageable qu’une voiture d’occasion (pour des raisons liées à la confiance) ; pour autant, cela progresse également de manière significative pour les voitures d’occasion (sans doute à la fois compte tenu du contexte de pénurie de voitures neuves qui deviennent un vrai produit de luxe que du développement de garanties pour apporter de la réassurance).

Remarquons par ailleurs que la digitalisation croissante de la consommation favorisera à n’en pas douter le développement des innovations embarquées dans le véhicule et poussées par les constructeurs.
